CIOTTULU DI I MORI-MANGANU

Cette étape nous effraie un peu car nous devons, tout d'abord, rejoindre Castel di Verghio, où nous aurions du dormir la veille, puis effectuer l'étape officielle vers Manganu.
Départ à 7h10. Nous coupons à travers la vallée et suivons le Golo. Pas le temps de s'arrêter devant les belles cascades d'E Radule.

Vallée du Golo

Nous traversons ensuite une forêt qui nous semble interminable et atteignons Castel di Verghio à 10h, au bout de 2h50, au lieu des 2h30 données par le topo-guide (apparemment une erreur).
A cet endroit, le GR20 coupe une route, sur laquelle se trouve l'hôtel qui sert normalement d'étape, et qui propose le ravitaillement. La chaleur nous donne une telle faim, que nous dévalisons le point de vente (comme d'habitude saucisson, fromage,...). Nous dégustons et reprenons des forces sur la terrasse de l'hôtel.
Et dire que nous devons encore réaliser une étape complète. Cela nous motive moyennement, car la température grimpe de plus en plus. Nous repartons tout de même à 11h00, le ventre plein, mais les sacs plus lourds avec notre ravitaillement.

Après de nouveau de longues montées, nous rejoignons une superbe vallée au milieu de laquelle se trouve le lac de Nino entouré de ses pozzines. Les couleurs sont éclatantes sous ce ciel bleu. Nous restons quelques temps à contempler ce paysage tout en soignant nos pieds. Lac de Nino

Malheureusement, nous ne sommes pas encore au bout de nos peines, et nous devons repartir. Nous longeons les pozzines où nous rencontrons vaches et chevaux.
Après la traversée d'une hêtraie, composons de superbes arbres au tronc et branches torturées, nous arrivons enfin au refuge de Manganu à 18h00, après 11h00 de marche.
Le refuge est bien entendu archi complet, et le terrain de camping, en pente et parsemé de pierres, ne dispose plus de place pour monter la toile. Nous décidons donc de dormir à la belle étoile, protégés de l'humidité par nos couvertures de survie.
Il y a de plus en plus de blessés parmi les randonneurs que nous côtoyons. 2 d'entre eux sont obligés d'abandonner. La complicité entre les différents groupes devient de plus en plus évidente. Les efforts répétés et les conditions spartiates de vie nous rapprochent tous. Lier conversation est extrêmement facile. Nous sommes apparemment assez appréciés des autres marcheurs. Il est vrai que nous plaisantons sans arrêt et que notre fiol de ricard en étonne plus d'un tous les soirs.
Nous retrouvons régulièrement Véronique, grande baroudeuse, un groupe de 3 filles de Suisse et Savoie, François le Québécois (qui possède beaucoup d'humour), Sanders le Hollandais, 2 allemands à qui nous disions "bonjour" 4 fois par jour, ce qui les faisais bien marrer (avant de les quitter aux bergeries), une mère et sa fille de St Etienne.
Le nombre d'étrangers ainsi que de filles nous étonnent beaucoup. Toutes ces personnes sont déjà de grands marcheurs, avec une expérience importante, et habitant souvent des régions montagneuses. Beaucoup ont participés à plusieurs trek, quand ils ne pratiquent pas déjà l'alpinisme. Nous sommes vraiment de petits bizuts dans ce monde, mais notre témérité à s'attaquer au GR20 en guise de baptême, les épate.

Bivouac à 1601m La nuit est bien entendue difficile. Le ciel étoilé est superbe, mais au bout de quelques heures, ça lasse. A chaque retournement dans le sac de couchage (ma spécialité), la couverture de survie fait un effroyable bruit de froissement d'alu. Le sol est dur et en pente, si bien que nous glissons sur nos tapis. Hervé, qui ne possède pas de capuche sur son sac, passe enfin une mauvaise nuit (éh! éh! éh!). Nous ne sommes pas mécontents de voir 6h00 du mat' arrivé. Une expérience qui ne sera pas renouvelée.